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E A U.

EAU. f. f. C'est le troifiéme des quatre Elemens. Il eft froid, & humide par fa nature. Ce nom fe donne à tous les corps chairs, & liquides qui coulent fur la tèrre; comme, Eau de mer, de riviere, de fontaine, d'étang, de fource, de cîterne, de puits. L'eau pefe huit cents fois plus que l'air, & de quatorze à un à l'égard du mercure. L'eau d'Espagne eft excellente; elle ne fe corrompt jamais. PERRO NIANA. L'eau de fontaine paffe pour la meilleure par fa pureté, étant comme filtrée en coulant à tra

vers la terre.

Frete Lubin prêche fort bien;

Mais pour boire de bonne eau claire,
Faites la boire à votre chien:

Frere Lubin ne le peut faire. MAR. Ce mot eft derivé du Latin aqua, d'où on a fait premierement aigue; temoin Aiguefmortes, Aigueperfe, Aiguebelette; enfuite on a dit ayve & ayau, qu'on dit encore en quelques lieux, dont enfin on a fait eau. Borel dit que ce mot vient du vieux Gaulois auen ou auon, qui fignifioit autrefois riviere, d'où font venus les noms des villes Gandavum, Genabum & autres. Du Cange dit qu'on a appellé une Ifle Eia, mot tiré du Saxon eaze, d'où nous avons fait caue, & depuis eau.

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On dit en general, Aller par eau; pour dire, Naviger, voyager fur la mer, fur les lacs, ou fur les rivieres. Paffer l'eau, ou delà l'eau ; c'eft-à-dire, de l'autre côté de la riviere. On dit une eau claire; tranfparente; dormante; obfcure; profonde, &c. Les caux les plus tranquilles ne font pas les plus divertiffantes. M. Sc. Le Thrafimene a vu fes eaux teintes & enflées du fang des Romains. ABL.

On a

Le Rhin tranquille & fier du progrés de fes eaux. Bo 1. Le Danube en trembla caché dans fes rofeaux, Et faifi de frayeur precipita fes eaux. ME N. On dit, Qu'une chofe ne fent que l'eau, quand elle n'a ni fel, ni faveur. Jûner au pain & à l'eau. obfervé que l'eau d'une fontaine eft d'un autre poids à fa fource, qu'à quelque distance de là; & qu'après le degel elle eft d'un autre poids qu'elle n'étoit auparavant. On dit, Qu'une pinte d'eau du Gange eft plus legere d'une once que quelque autre eau que ce foit: le Mogol n'en boit point d'autre, en quelque lieu qu'il fe trouve.

EAU, en particulier, fe dit de la pluye. Ce nuage épais nous menace d'eau. Il tombe de l'eau. ondée d'eau.

Une

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enjoint aux Prêtres de benir l'eau tous les Dimanches avant que de dire la Meffe, afin que le peuple en prenne en fortant de l'Eglife.

EAU BENITE, eft une eau confacrée dans l'Eglife avec certaines prieres, exorcifmes & autres cere

monies marquées dans le Rituel. On la prend à l'entrée, & au fortir de l'Eglife. L'eau benite de Pâques eft celle qu'on preparoit autrefois feulement pour batifer les enfans. Celle de la Pentecôte, & celle qu'on fait tous les Dimanches, fert pour la devotion, pour effacer les pechez veniels, chaffer les Demons, preferver du tonnerre, &c.

On appelle auffi cau benite, la ceremonie & les prieres qui fe font les Dimanches avant la grand' Meffe pour benir l'eau. Voilà l'eau benite qui fonne.

.

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par

Dans le Livre des Nombres il eft fait mention d'une eau de jalousie, qui fervoit à éprouver fi une femme étoit adultere. Voyez JALOUSIE. Autrefois on faifoit la preuve des crimes par l'eau chaude, ou par l'eau froide, avec plufieurs ceremonies Ecclefiaftiques: on fe purgeoit d'abord par ferment. Si le corps furnageoit, contre la nature des corps pefans, les accufez étoient declarez coupables, à l'égard de l'eau froide; c'étoit une marque que cet element ne vouloit pas les recevoir. Si la perfonne enfonçoit auffi-tôt, elle étoit jugée innocente. Mais pour l'examen de l'eau chaude, il falloit plonger le bras nud, ou la main dans, de l'eau bouillante; après quoi on l'enveloppoit, & on mettoit un fcêllé fur l'enveloppe, & au bout de trois jours on la ve noit vifiter; fi elle fe trouvoit fans brûlure, les ac cufez étoient declarez innocens. La Reine Thietberge en 860. accufée d'incefte prouva fon innocence en nommant un homme qui fit pour elle l'effai de l'eau bouillante fans fe brûler. Les Nobles fe purgeoient le fer chaud; & les Roturiers ou ceux qui n'étoient pas de libre condition, par l'eau froide. Le Pere Mabillon dit que ce fut le Pape Eugene II. dans le fiecle IX. qui inventa cette ceremonie, pour retrancher la coutume de fe juftifier par ferment en mettant la main fur les reliques des Saints, dont on abufoit; & qu'elle fut deffendue par Innocent III. au Concile de Latran en 1215. Voyez PREUVE. Charlemagne, & Louis le Debonnaire fon fils permirent ces épreuves par leurs Capitulaires. Elles étoient très-frequentes dans le X. & XI. fiecle. On en peut voir les formalitez dans les formules de Marculphe. Cependant l'épreuve de l'eau froide a duré jufqu'à la fin du XV I. fiecle en France contre les Sorciers. On pretend qu'ils furnagent toûjours, & que c'eft là une marque affûrée qu'ils font Sorciers. Par Arrêt de 1601. fur la requifition de Mr. Servien, le Parlement de Paris fit deffenfes à tous Juges de fe fervir de l'épreuve de l'eau pour caufe de fortilege, parce qu'on ne doit point chercher de preuves miraculeufes & furnaturelles dans l'adminiftration de la Juftice. On l'a pratiquée beaucoup plus long temps en Allemagne, & on le fait même encore en quelques endroits. Les Conciles ont condamné toutes ces fortes d'épreuves comme autant de fuperftitions, & beaucoup de Docteurs ont écrit pour en faire voir l'abus, & le danger. Voyez Feu, & le Pere le Brun de l'Oratoire touchant les pratiques fuperftitieufes, imprimé en 1702.

Il y a l'Eau de St. Clair, qui guerit du mal des yeux; l'Eau de Sainte Genevieve, qui guerit de la fievre. Chez les Payens on appelloit eau luftrale, une eau qu'ils preparoient avec plufieurs ceremonies.

EAU

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EAU, en termes de Phyfique, fe dit auffi des humiditez qui fortent des corps, comme de l'urine & de la fueur. Il eft allé faire de l'eau; lâcher de l'eau ; un filet d'eau ; il ne peut retenir fon cau. Cette courfe, cet accés de fièvre l'a mis tout en eau. On le dit auffi de l'eau qui eft enfermée dans quelque bube, ou veffie, ou entre cuir & chair, qui forme une efpece d'hydropifie. Il a vuidé quantité d'eaux. Il lui eft tombé des eaux fur les jambes: ce qui fe dit plus ordinairement des chevaux, quand il leur tombe de mauvaises humeurs fur le boulet & le paturon. On dit, Fondre en eau; pour dire, Pleurer abondam

ment.

Pleurez, pleurez mes yeux, & fondez vous en cau. CORN. En termes de Marine on dit, Faire de l'eau; pour di

Faire aiguade; faire fes provifions d'eau douce au milieu d'un voyage de long cours. Ce navire fait ean; c'cft-à-dire, que l'eau entre dans le navire par quelque ouverture ou voye d'eau. Ce vaiffeau tire tant d'eau; pour dire, il lui faut tant de pieds d'eau pour être à flot, & pour voguer. Pour fçavoir fi un vaiffeau tire plus ou moins d'eau, cela depend de la hanteur du mât, & de la forme, ou de la ftructure de la quille, ou carenc. Un vaiffeau tire plus d'eau fur une riviere, que fur la mer, parceque l'eau de mer a plus de confiftence. Il faut attendre le vif de l'eau, ou la haute eas; pour dire, la pleine marée. On dit au contraire, Baffe eau, ou eau morte, dans le reflus, lorfque la marée eft baffe, & que la mer refoule. Les matelots difent communément que l'eau eft maigre, quand il y a peu d'eau. Les eaux vives regnent trois jours devant, & trois jours après la nouvelle ou la pleine lune. Les eaux mortes vienpent après les fix jours qu'ont occupé les eaux vives. Ce vaiffeau alloit à fleur d'eau ; c'est-à-dire, n'avoit gueres de bord hors de l'eau. Ce navire étoit percé - à l'eau; c'est-à-dire, dans les œuvres vives, ou qui plongent dans l'eau. On dit auffi, Qu'un navire eft fur l'eau d'un autre; pour dire, qu'il fuit fon cours, fon fillage. On dit auffi, Mettre un navire à l'eau, le pouffer à l'eau, le lancer à l'eau; quand du chantier où il étoit pour le bâtir, ou le radouber, on le pouffe dans la mer. Des courans d'eau, ce font des mouvemens d'eau impetueux qui fe trouvent le long des côtes, ou detroits, & qui naiffent de leurs finuofitez. Le courant de l'eau, ou le fil de l'eau, fe dit feulement de l'endroit des rivieres où l'eau eft la plus forte. On appelle auffi, chef d'eau, la haute marée; & dans la bonaffe on dit que l'eau eft platte & courtoife.

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Battre l'eas. Terme de Chaffe. Cela fe dit quand une bête eft dans l'eau, & l'on crie aux chiens, elle bat "leath Peau

On dit en termes d'Hydrauliques, Conduire les eaux; pour dire, les enfermer dans des tuyaux, ou canaux; élever les eaux par des machines, comme par les pompes, qui l'élevent par afpiration jufqu'à trente deux pieds; ou par compreffion, en preffant l'eau pour l'élever fi haut qu'on veut, parceque l'eau ne fe condense jamais. Il y a un Intendant des eaux & fontaines, artifices & conduits d'eau des maifons Royales. Faire un jet d'eau, c'eft, Elever l'eau, & la faire jaillir en l'air. Un bouillon d'eau, eft celui qui ne s'éleve gueres au deffus du tuyau. Une chute d'eau, ou cafcade. Une nappe d'ean, fe dit quand l'eau s'étend comme une nappe fur une pierre d'où elle tombe. Un foleil d'eau, quand les jets fe

Tome II.

diftribuent en rayons. Une gerbe d'eau, quand il y a grand nombre de tuyaux pres l'un de l'autre qui jettent de l'eau enfemble. Un berceau d'eau, quand il y a des jets d'eau à droit & à gauche, qui fe courbent en arc par deffus la tête. Un rond d'eau. Un refervoir d'eau, ou un regard. Un pouce d'eau. Les Fonteniers mefurent les eaux coulantes par pouces, & par lignes d'eau. La ligne d'eau eft la cent quarantiéme partie d'un pouce d'eau. Le pouce, la ligne d'ean fe prennent par les pouces & lignes circulaires que contiennent les fections, ou les furfaces des ouvertures par où l'eau coule, fans avoir d'autre charge ni d'autre hauteur que celle qui lui eft precifement neceffaire pour remplir toûjours l'ouverture en coulant.. Ainfi c'eft un pouce d'eau, lorfque l'ouverture eft d'un pouce de diametre ; & on a calculé que ce qu'on appelle un pouce d'eau, donne ou depenfe en vingt & quatre heures foixante fix muids d'eau, mefure de Paris. On dit que le Roi a donné les eaux à un Prince, ou à un Ambaffadeur, pour dire, que le Roi a fait jouer tous les jets d'eau pour lui faire honneur. Bernard Paliffi, Jacques Beflon, Serlio, & le Theatre d'Agriculture ont écrit de l'art de conduire les eaux, de trouver des fources & des fontaines.

En Medecine on appelle eaux, plufieurs fortes de liqueurs, qu'on employe à divers ufages, & qu'on diftingue par de differentes épithetes.

Eaux ALEXITERES, font des eaux qui refiftent aux venins & à la pefte; comme font celles d'angelique, de fcorzonere, de citron, d'orange, de fcordium, de ruë, &c.

EAU ALUMINEUSE, eft une eau vulneraire compofée, appellée ainfi à caufe de l'alun qu'elle a pour bafc.

EAU D'ANGE, eft une eau de fenteur, compofée d'iris de Florence, de benjoin, de ftorax, de bois de rofe, de fantal citrin, &c. On verfe deffus, les eaux diftillées de rofe & de fleur d'orange, & on fait diftiller la liqueur au bain marie, dans laquelle on diffout du mufc & de l'ambre.

EAU D'ARQUEBUSADE, eft une eau, qui eft appellée ainfi, parcequon s'en fert dans les playes d'arquebufe. Elle eft compofée de racines & de feuilles de confoude, de feuilles de fauge, de bugle, d'armoise & de plufieurs autres vulneraires, qu'on fait infufer dans du vin blanc, & qu'on diftille enfuite par le bain marie ou de vapeur.

EAUX ARTHRITIQUES, font des eaux, qui font propres contre la goutte; telles font celles de pivoine, de chamapitis, de calament, de betoine, de romarin, &c.

EAU BATTUË eft celle qu'on a verfée plufieurs fois d'un vafe dans un autre pour lui ôter fa crudité.

EAU DE BLANC D'OEUF, eft de l'eau qui fe fair en fouettant bien le blanc d'oeuf, ou bien en le faifant abbreuver par une éponge plufieurs fois, & l'é preignant auffi-tôt, puis la faifant couler le par papier gris. C'eft une eau jaunâtre, qui eft la plus fine de toutes les colles.

EAUX CARDIAQUES, font des eaux propres à fortifier le cœur, comme font celles d'endive, de chicorée, de bugloffe, de bourrache, d'ofeille, de foucy, &c.

EAUX CEPHALIQUES, font des eaux, qui fortifient le cerveau; comme font celles de romarin, de marjolaine, de fauge, de pivoine, de meliffe, de betoine, &c.

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EAU DE CHAUX, eft de l'eau commune, dans laquelle on a fait éteindre de la chaux, & qu'on a enfuite filtrée.

EAU CLAIRETTE, eft une cas, compofée d'eau de vie, de fucre & de canelle, dans laquelle on diffout quelques grains d'ambre gris: elle aide à la digeftion & fortifie le cœur. On rend cette eau pur gative ou émetique, en y ajoûtant des refines de jalap & de fcammonée, ou du faffran des metaux. EAUX CORDIALES. Voyez EAUX CARDIAQUES. C'eft la même chofe.

EAUX COSMETIQUES, font des eaux propres pour nettoyer, pour adoucir & pour embellir la peau. Il s'en fait de plufieurs fortes.

EAU DE DEPART, ou DE SEPARATION, Ꭰ Ꭱ n'eft autre chofe que l'eau forte, qui eft appellée ainfi, parcequ'elle fert à feparer l'or d'avec l'ar

gent. EAUX DISTILLÉES, font des eaux, qu'on tire des plantes par le moyen de la diftillation. Il y en a de fimples & de compofées. Les fimples font celles qu'on tire de la plante fans addition; comme l'eau de rofe, de chicorée, &c. Les compofées font celles où il entre plufieurs efpeces d'ingrediens, comme l'eau theriacale, l'eau imperiale, &c.

EAU FERRÉE, eft une eau, dans laquelle on a éteint une bille d'acier rougie au feu. EAU FORTE, OU EAU ARDENTE, où CAUSTIQUE, est un mélange d'efprits de nitre & de vitriol tirez par la violence du feu. On y ajoûte quelquefois de l'alun & de l'arfenic. Elle fert à diffoudre tous les metaux, à la referve de l'or. On tient que l'invention des eaux fortes n'eft de l'année 1300. ou environ, comme il eft remarqué dans le II. Tome de la Bibliotheque des Philofophes; quoyque quelques-uns croyent qu'elle a été connue du temps de

Moïfe.

que

EAU GOMMÉE, eft celle qui fe fait en y laiffant tremper de la gomme Arabique, enfermée dans un morceau de linge. Les femmes en font auffi pour gommer leurs cheveux, en y laiffant tremper des pepins de coin.

EAUX HEPATIQUES, font celles dont on fe fert pour fortifier le foye; comme celles de chicorée, de capillaires, de pourpier, d'aigremoine, de fumeterre, &c. EAUX HYSTERIQUES, font des eaux propres à fortifier la matrice, & à remedier à fes incommoditez; comme font celles de matricaire, de melifle, d'hyffope, de fenouil, d'armoife, d'ache, &c. EAU IMPERIALE, eft de l'eau diftillée de canelle, de noix mufcade, d'écorce de citron, de cloux de girofle, de calamus aromaticus, de fantal citrin, & de plufieurs autres fimples qu'on a fait infufer dans le vin blanc & l'eau de meliffe: elle eft bonne pour les maladies du cerveau, de l'eftomac & de la matrice. EAU DE MILLEFLEURS, nom qu'on donne à l'urine de vache preparée. On en prend par remede. EAUX MINERALES, font des eaux qui ont contracté quelque vertu en paflant à travers des mineraux ; comme font l'alun, le vitriol, le foulfre, &c. Il y en a qui font actuellement froides, & qui ont un goût plus ou moins aigre; on les appelle acidules: elles font le plus fouvent chargées de particules de fer, de vitriol, de nitre ou d'alun. Il y en a d'autres qui font actuellement chaudes, & qu'on appelle thermales: celles-cy font ou falées, ou nitreufes, ou bitumineuses, ou fulphureuses, ou ferrugineules.

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EAUX NEPHRETIQUES, font des eaux qui fortifient les reins, & qui en font fortir par les urines, les impuretez; comme font celles de chevrefeuille de parietaire, de raves, de feves, de mauves, d'ononis, &c.

EAUX OPHTALMIQUES, font celles qui remedient aux incommoditez des yeux; comme font les

eaux d'euphraife, de fenouil, de vervêne, de plantain, de chelidoine, &c.

EAU PANÉE, eft celle où on a mis tremper du pain. EAU PHASEDENIQUE, eft de l'eau de chaux, sur une livre de laquelle on ajoûte vingt ou trente grains de fublimé corrofif, en poudre, qui la font jaunir d'abord. Elle fert pour nettoyer les vieux ulcercs, & pour manger les chairs fuperfluës. Ce mot vient du Grec phagedaina, qui fignifie, ulcere qui mange les chairs voifines, du verbe phagein,

manger.

EAU PHILOSOPHIQUE, OU DES DEUX CHAMPIONS, eft une eau qui fe fait avec parties égales de falpetre, & de fel armoniac. C'eft une efpece d'eau regale, qui eft propre pour diffoudre l'or.

EAU REGALE, eft de l'efprit de nitre, dans quatre onces duquel on diffout une once de fel armoniac. Elle fe fait auffi avec parties égales de falpetre & de fel gemme, dont on tire les efprits par la dift llation. Cette eau eft nommée regale, parcequelle diffout l'or qu'on appelle le Roi des metaux. On la nomme auffi

aqua chryfulca, ou ftygia.

EAU DE LA REINE D'HONGRIE, eft une diftillation qui fe fait au bain marie, des fleurs de romarin, fur lefquelles on a verfé de l'efprit de vin bien rectifié. On l'appelle ainfi, à caufe du merveilleux effet qu'en reffentit une Reine de Hongrie à l'âge de foixante & douze ans. Elle eft bonne dans les foiblefles de cœur, dans la paralyfie, dans la lethargie, dans l'apoplexie, & dans les maladies hyfteriques.

EAU SECONDE, eft l'eau forte qui a dejà servi à la diffolution de quelques metaux, qui par ce moyen a perdu une partie de fa force. Elle eft propre pour faire efcatre aux chancres, & pour mangerles chairs baveufes.

EAU DE SEPARATION. Voyez EAU DE DE

PART.

EAUX SPECIFIQUES, font celles qui ont une vertu particuliere pour certaines maladies. L'eau de pourpier, dans laquelle on a fait tremper de l'argent vif, eft fpecifique contre les vers des petits enfans. EAUX SPLENITIQUES, font celles qui font desti

nées aux maladies de la rate; comme les eaux de tamaris, de cufcute, de fcolopendre, de houblon, &c. EAUX STOMACHIQUES, font celles qui fervent à fortifier l'eftomac; comme les eaux de rofes rouges, de menthe, d'anis, &c,

EAU STYPTIQUE, eft une diffolution de vitriol rouge ou colcotar, qui refte dans la cornuë, après qu'on en a tiré l'efprit, d'alun brûlé & de fucre candi. On prend trente grains de chacune de ces trois drogues, qu'on mêle avec une demi-once d'urine d'une

d'une jeune perfonne, autant d'eau rofe, & deux onces d'eau de plantain. Cette eau eft très-propre pour arrêter le fang.

EAU THERIACALE, eft une eau diftillée, compofée de plufieurs ingrediens cephaliques & cardiaques, entre lefquels eft la theriaque, d'où elle a pris fon nom. Elle eft bonne pour reveiller les efprits, & pour refifter au mauvais air.

EAU DE VIE, eft une liqueur fpiritueufe & inflammable, qu'on tire du vin par la diftillation. On remplit de vin la moitié d'une cucurbite de cuivre, on la couvre de fon chapiteau, on y adapte un recipient, & on diftille à petit feu environ la quatriéme partie de l'humidité, ou jufques à ce que la liqueur qui diftille, ne s'enflamme plus, quand on la prefente au feu. Ce qui fe trouve dans le recipient, eft ce qu'on appelle eau de vie. Elle ne differe de l'efprit de vin, qu'en ce qu'elle contient une plus grande quantité de parties aqueufes.

Les Limonadiers font auffi des eaux pour châtouiller le goût, des eaux de cerife, de verjus, de grofeille, de frangipane, qui font des eaux fucrées & parfumées, où on a mis des grofeilles, des cerifes, des parfums.

EAu, fe dit auffi du fuc de quelque fruit que ce foit. Cette poire eft de bonne cau.

En termes de Jouailliers, on appelle eau, l'éclat des perles & des diamans qu'on fuppofe être faits d'eau. Cette perle eft de belle eau. L'eau de ce diamant eft trouble. Les perles que Cleopatre avoit en pendans, étoient d'un prix ineftimable, foit pour pour l'eau ou pour la groffeur, CITRI.

Donner l'eau à un drap, c'eft le luftrer, le calendrer.

On dit auffi des cuirs, quand ils font à la tannerie, qu'on leur donne plufieurs eaux pour les preparer. En Aftronomie, on appelle un Signe celefte, le Ver feur d'eau, qui eft l'onzième à compter d'Aries. EAUX ET FORETS, au plurier. Le Grand Maitre des Eaux & Forêts prend la qualité de Grand Maître Enqueteur & Reformateur General des Eaux & Forêts de France. Les Maîtrifes particulieres des Eaux & Forêts, font des Jurifdictions qui jugent en premiere inftance tant au civil qu'au criminel, & entre toutes fortes de perfonnes, des caufes concernant les eaux & les forêts; c'eft-à-dire, de tous les differens qui arrivent pour les bois, forêts, chatles, pêches, garennes, rivieres, ifles, ventes, beaux, accroiffemens, alluvions, contrats, coupes, mefures, façons, defrichemens, repeuplemens des bois du Roi, ou tenus en grairie, ou par apanage, ou en ufufruit &c. Ils connoiffent auffi de tous les differens qui furviennent à caufe des entreprises ou pretentions pour les rivieres navigables & flottables, pour la pêche, paffage, pontonage; pour la conduite, ou rupture, ou loyers des bacs, bateaux ; pour les ifles, iflots, accroiffemens, alluvions &c. Voyez le T. I. de la Nouvelle Ordonnance des Eaux & Forêts de 1669. Mais s'il s'agiffoit du poffeffoire, ou de la proprieté defdits bois, ou forêts de partie à partie, la connoiffance en appartient aux Baillis & Senechaux; & non aux Officiers des Eaux & Forêts. Leur competence ne regarde proprement que le fait des ufages, des delits, des abus & des malversations. Il y a encore des Gruyers, qui connoiffent auffi des eaux &forêts en premiere inftance. L'appel des Gruyers Royaux fe releve devant les Maîtres particuliers. Voyez MARBRE. Les appellations des Maîtres particuliers des eaux & fortis font relevées au Siege

de la Table de marbre du Palais, & de là au Pärlement. Leurs fentences font executoires par provifion, & en baillant caution; jufqu'à la fomme de deux cents livres. Voyez MAITRISE.

On appelle mauvaises eaux dans un cheval, certaines fuppurations d'humeurs malignes, & puantes, qui fortent de fes paturons, & de fes boulets. Cela arrive plus ordinairement aux jambes de derriere, qu'à cel les de devant.

Eau, fe dit proverbialement en ces phrafes. Un Me decin d'eau douce; c'est-à-dire, un malhabile Medecin qui n'a pour remede que de l'eau douce. On dit, Qu'un homme a mis de l'eau dans fon vin; pour dire, qu'il eft revenu de fon emportement. Ses deffeins vont avau l'eau; pour dire, ne reüffiffent pas. On dit auffi, il ne fera que de l'eau toute claire; c'eft-à-dire, Il ne reüffira point. L'eau lui en vient à la bouche; pour dire, Cela lui donne l'en vie d'en tâter. Ce proverbe repond au Latin falivam movere, qui fignifie faire venir de l'appetit. On dit d'un homme qui fait beaucoup de complimens, ou de promeffes, fur lefquelles il ne faut pas faire grand fondement, Que c'eft de l'eau benite de Cour; parcequ'on n'eft point chiche de belles promeffes à la Cour, non plus que d'eau benite à l'Eglife. On dit d'un homme dont le merite n'eft point connu, Qu'il faut qu'il faffe voir de fon eau; pour dire, qu'il faffe voir ce qu'il fçait faire. On appelle des gens de delà l'eau, des gens groffiers & mal inftruits des nouvelles & des affaires du temps. Les eaux font baffes; pour dire, qu'on n'a point de fonds, point d'argent en bourfe. Suer fang & eau; pour dire, Faire un effort, ou un travail extraordinaire pour parvenir à quelque chofe. On appelle un beuveur d'eau, homme froid & incapable de grandes affaires. On dit, Faire venir l'eau au moulin; pour dire, Faire venir du profit, de l'argent à la maifon. Nager en grande eau; pour dire, Etre en fortune, dans les grands emplois. Il eft heureux comme le poiffon dans l'eau pour dire, Il eft dans fon élement; là où il fe plaît, où il eft bien. Revenir fur l'eau, fe dit d'un homme qu'on croyoit abîmé, & qui retablit fes affaires, & rentre dans le negoce. On dit auffi, Rompre l'eau à quelcun; pour dire, Apporter quelobftacle à fa fortune, à fes affaires : ce qui fe que dit au propre des chevaux qu'on oblige à boire à plufieurs reprises. On dit, Qu'un valet eft allé à la bonne eau; pour dire, qu'il eft trop long temps à revenir d'un meffage. Laifler courir l'eau; pour dire, Ne fe point foucier comment vont les affaires. Battre l'eau, pour dire, Travailler inutilement. On dit encore, Tant va la cruche à l'eau, qu'enfin elle fe brife; pour dire, qu'à la fin on perit dans les dangers où on s'expofe trop fouvent. Nager entre deux eaux; c'est-à-dire, Etre incertain quel parti ou opi

n

nion on doit fuivre. Pêcher en eau trouble, c'est-àdire, Profiter des defordres du temps, du mauvais état d'une famille. On dit encore d'un homme malheureux, Qu'il fe noyeroit dans un verre d'eau ; d'un avare, Qu'il ne donneroit pas un verre d'eau, qu'il ne donne rien du tout: d'un melancolique & mechant, Que c'eft une eau dormante; Qu'il n'y a point d'eau pire que celle qui dort: d'un homme inutile, Qu'il ne gagne pas l'eau qu'il boit. Porter de l'eau à la mer; c'eft-à-dire, Donner à quelcun des chofes dont il n'a dejà que trop. C'est une goutte d'eau dans une mer; c'est-à-dire, que ce qu'on met dans quelque chofe, ac la fait pas paroitre davantage.

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EAU. E B A. E BE. Il n'y fera que de l'eau toute claire; pour dire, qu'il ne reüffira pas en une telle affaire. On dit de deux gemeaux, Qu'ils fe reffemblent comme deux goutes d'eau: de deux perfonnes qui fe haïffent, Que c'eft le feu & l'eau: d'une affaire qui n'a point reüffi Tout s'en est allé en eau de boudin, ou avau l'eau: d'un homme niais & innocent, Qu'il ne fçait pas l'eau troubler. Tenir le bec en l'eau; c'eft-à-dire, Amufer long temps une perfonne, fans lui tenir ce qu'on lui fait efperer. On dit auffi d'un homme officieux, Qu'il fe mettroit dans l'eau jufqu'au cou pour fervir fes amis d'un homme qui fe noye, Que l'eau eft entrée dans fes fouliers par le collet de fon pourpoint. On dit des enfans, Qu'il les faut garder de feu & d'eau jufques à fept ans. On dit encore, Ce crime eft fi grand, que toute l'eau de la mer ne fuffiroit pas pour le laver; & au contraire, Il fait auffi peu de fcrupule de cela, que de boire un verre d'eau. On dit auffi, Si on l'envoyoit à la riviere, il ne trouveroit point d'ean; pour dire, qu'il ne pourroit pas trouver les chofes les plus communes. On dit auffi Il paffera bien de l'eau fous les ponts entre cy & là; pour dire, Cela n'arrivera de long temps. On dit auffi Gare, l'eau là-bas, quand on veut jetter par les fenêtres quoyque ce foit.

EAU BENITIER. Terme d'Orfevres. Ils nomment ainfi les vaiffeaux d'argent qu'ils preparent pour mettre de l'eau benite. Ils doivent être contremar

quez au corps, au collet de pied & goupillon. A l'égard de la gorge, creux ou panache, quarré de pied ou anfe, ils font feulement marquez du poinçon du Maître. Ce mot n'eft gueres en ufage; on dit fimplement, Benitier.

E B A.

EBAHIR, EBAHISSEMENT, EBAR BER, EBAT, EBATTEMENT, EBATTRE, EBAUBI, EBAUCHE, EBAUCHER, EBAUCHOIR. Voyez ESBAHIR, ESBAHISSEMENT, ESBARBER, &c. EBAROUI. adj. m. Terme de Marine. On appelle vaiffeau ébaroui, un vaiffeau qui s'oft deffeché au foleil, ou au vent, enforte que les bordages fe foient retirez, & que les coutures fe foient ouvertes.

E BE.

EBE. f. f. Terme de Marine, qui fe dit dans quelques Provinces. C'eft le reflus de la mer, ou la baffe marée, lorfque la mer s'en retourne. Il est oppofé au flot & au montant. On l'appelle autrement juffant. On dit, Il y a ebe, c'est-à-dire, il y a reflus.

Selon du Cange on a dit ebba dans la baffe Latinité; d'où eft venu ce mot.

On dit proverbialement en Normandie, Tout ce qui vient d'ébe, s'en retournera au flot, en parlant des biens mal aquis, & mal affûrez. On dit alleurs, Ce qui vient par la flûte, s'en retourne par le tambour. C'eft la même chofe.

EBENE. f.f. Bois dur, compacte, & de couleur fort noire, laquelle lui donne fon prix, parce qu'elle reçoit un beau poliment. Il eft tiré d'un arbre grand & gros, dont les feuilles reffemblent à celles du laurier. Son fruit est semblable au gland de chêne, foutenu par une petite queue. Ce bois nous eft apporté de l'Ile Maurice, qui eft dans les Indes

EBE. EBL. EBO. EBR. Orientales. Il eft fudorifique & deficcatif; on pourroit l'employer en decoction.comme le gayac; mais

on s'en fert rarement en Medecine, La meilleure ébene eft celle qui eft noire fans aucunes veines ; qui eft maffive, aftringente, & d'un goût aigu & picquant. Elle rend un parfum agreable, quand on la met fur les charbons, fans incommoder par fa fuméc. Si on la prefente au feu étant fraîche, elle s'allume incontinent à caufe de fa graiffe; mais quelque fêche qu elle foit, elle va toûjours au fond de l'eau. Si on la frotte contre une pierre, elle devient rouffe. Il y a deux autres efpeces d'ébene; une rouge, que les Marchands appellent Grenadille; & l'autre, verte. Les Indiens en font les ftatues de leurs Dieux, & les fceptres de leurs Rois. Ce fut Pompée qui le premier apporta l'ébene à Rome, après avoir vaincu Mithridate. Agricola dit qu'il y a une ébene minerale qu'on trouve dans la terre. On l'appelle en Latin ebenus, & les Arabes lui donnent le même nom. Ce mot vient de l'Hebreu eben, qui fignifie une pierre, felon quelques-uns, parce que la dureté de l'ébene approche de celle des pierres. L'ébene coupée s'endurcit comme une pierre.

EBENER. v. a&t. C'eft, Donner à du bois la couleur de l'ébene. Ces armoires feroient plus bel les fi on les ébenoit.

EBENIER. f.m. Arbre ci-deffus decrit, dont le bois s'appelle Ebene.

EBENISTE. f. m. Menuisier qui travaille en ébene, qui fait des cabinets & des tables d'ébene, qui plaque l'ébene. On le dit auffi de ceux qui font des ouvrages de rapport, de marqueterie & de placage, comme de bois d'olivier, d'écaille de tortue, &c..

E B L.

EBLOUIR, EBLOUISSEMENT. Voyez ESBLOÜIR, ESBLOUISSEMENT.

E B O.

EBORGNER, EBOUFFER, EBOUILLIR, EBOULEMENT, EBOULER, EBOULIS, EBOURGEONNEMENT EBOURGEONNER. Voyez ESBORGNER, ESBOUFFER, &c.

EBOUZINER. verb. act. Terme de Maçonne rie. C'eft, Oter d'une pierre, ou d'un moilon, le bouzin, ou le tendre du lit de pierre, & l'atteindre avec la pointe du marteau jusqu'au vif.

E B R.

EBRANCHEMENT, EBRANCHER, EBRANLEMENT, EBRANLER, EBRECHER, EBRENER. Voyez EsBRANCHEMENT, ESBRANCHER, &c. EB RIETE. f.f. Terme dogmatique, qui fignifie, Yvreffe. Les defordres que caufe l'ébrieté, ont été caufe qu'on a deffendu le vin aux Orientaux. L'ébrieté eft caufée par toutes les liqueurs fumeuses & chaudes qui fe fermentent dans l'eftomac.

Ce mot vient du Latin ebrietas, qui vient d'ebrius, qui eft dit comme celui qui bibendi modum exceßit. Il ne fe dit gueres.

EBRILLADE. f. f. Terme de Manege. C'est un coup de bride que le Cavalier donne à un cheval qui refufe de tourner par la fecouffe d'une rêne. La

facade

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