DICTIONNAIRE UNIVERSEL, Contenant generalement tous les MOTS FRANCOIS, 3 tant vieux que modernes, & les Termes des SCIENCES & DES ARTS: TOME SECOND. E-K. UNIVERSEL, Contenant generalement tous les MOTS FRANCOIS, TANT VIEUX QUE MODERNES, ET LES TERMES DES SCIENCES ET DES ARTS. OU L'ON EXPLIQUE TOUT CE QUI CONCERNE LA PHILOSOPHIE, LOGIQUE ET PHYSIQUE; LA MEDECINE, LA MYTHOLOGIE, ET L'ANTIQUITE SACREE ET PROFANE; LES MATHEMATIQUES, LA GEOMETRIE, L'ARITHMETIQUE, LES ARTS, LA RHETORIQUE, LA POESIE, LA GRAMMAIRE, la Peinture, Sculpture, &c. la Marine, le Manege, la Danfe, l'Efcrime, le Blafon, la Venerie, la Fauconnerie, la Pêche, l'Agriculture, l'Oeconomique, & les Arts mechaniques. A VE C Les termes de Relations d'Orient & d'Occident; la qualité des Poids, Mefures & Monnoyes; les Etymologies LE TOUT EXTRAIT DES PLUS EXCELLENS AUTEURS ANCIENS ET MODERNES. Recueilli & compilé premierement Par Mre. ANTOINE FURETIERE, ABBE DE CHALIVOI, DE L'ACADEMIE FRANCOISE: Par M. BASNAGE DE BEAUVAL: ET EN CETTE NOUVELLE EDITION, Revû, corrigé, & confiderablement augmenté Par M. BRUTEL DE LA RIVIERE. TOME SECOND. UNIVERSE L. Contenant generalement tous les MOTS FRANÇOIS tant vieux que modernes, & les SCIENCES ET DES ARTS. E. E. Subft. mafc. Cinquième lettre de l'Alphabet; la feconde des voyelles. Il n'y a gueres de lettre qui reçoive plus de fons differens. Elle a cinq fons differens en François. Le premier eft un e mafculin, tlair, ou fermé; qu'on marque d'un accent aigu, & qu'on prononce fortement; comme en ce mot, Divinité. On l'appelle e mafculin, parceque dans les Participes & les Adjectifs il fert à marquer le genre masculin; comme, armé, rufé. Le deuxième l'e feminin; il fe mange quand il eft fuivi d'une autre voyelle; comme en ce mot, divine. On l'appelle auffi muet, ou obfcur, parcequ'il a un fon plus fourd, qu'on le prononce foiblement, & qu'en effet on ne le doit prefque pas fentir dans la prononciation : à peine fe fait-il entendre. Quelques-uns l'appellent Te François, parceque la maniere de couler cette voyelle eft particuliere à la langue Françoife. Le troifiéme eft l'e ouvert, ou plutôt très-ouvert, parcequ'il faut l'allonger, & ouvrir la bouche en le prononçant: il repond parfaitement bien à l' des Grecs. C'eft celui que l'on marque d'un circonflexe, quand on retranche 1's qui y peut fuppléer pour faire fentir qu'il eft long; comme, fuprême, extrême, conquête. Le quatriéme tient une espece de milieu entre l'e fermé, & l'e ouvert quant à la prononciation, qui repond à la diphthongue ai; comme, fer, fuccés. Le cinquiéme fe prononce comme un a quand il eft fuivi d'une m, ou d'une n dans la même fyllabe. Comme Ampereur pour Empereur. Dans tous les mots dont la derniere fyllabe du fingulier fe termine par en avec un t, il faut prononcer l'e comme un a; par ex. expediant, inconveniant, tournant. VAU. Ajoutez y ceux qui finiffent par ens avec une s; comme encens, fens; on prononce ençans, fans. L'ACAD. It eft bien neceffaire aux étrangers de faire attention fur ces differences, afin de fçavoir élever, ou rabaiffer, éclaircir, ou obfcurcir à-propos le ton de la voix, pour lui donner l'inflexion qu'elle doit avoir. Tome II. pour pro Mais après tout il n'y a que l'ufage, par lequel on puifle s'affûrer de la veritable prononciation, Car toutes les regles qu'on a données la diverfe nonciation de l'e, font impraticables. Il eft impoffi ble en parlant, de faire attention à chaque fyllabe, pour examiner fi elle eft comprise dans la regle, ou dans l'exception. Ceux qui ne diftinguent que trois fortes d'e, en trouvent les trois prononciations dif ferentes dans le mot de netteté. La premiere fyllabe a un e mafculin. Ces differentes prononciations de l'e doivent particulierement être obfervées les par Poëtes, afin de ne point faire de rimes vicicufes en faisant rimer des mots qui ne fe prononcent point de la même maniere. Sur tout il faut prendre garde à ne pas faire rimer l'e ouvert, avec l'e fermé. On he rime gueres auffi l'e ouvert avec les e muëts; comme cher avec approcher. C'eft une licence de Racine dans ces deux rimes. Malgré tout fon orgueil, ce Monarque fi fier, A fon lit, à fon trône daigna m'affoċier. Voyez la fyllabe ER. Menage a repris un grand nombre de ces fortes de rimes dans Malherbe. Il le cenfure pour avoir fait rimer tempête, avec étes. Voyez RIMES. On fait rimer l'e fermé avec le Prefent, le Preterit indefini, & le Futur en ay. Les Vaincu, chargé de fers, de regrets confumé, Brûlé de plus de feux que je n'en allumay. RAC. On a cenfuré Boileau pour avoir fait rimer terre à chaire. Le P. de Morgues ne blâme pourtant pas cette forte de rime. Cotin à fes fermons traînant toute la terre, Imprimeurs appellent e trema; un ë qù il Fend les flots d'auditeurs pour aller à fa chaire. Bot. y deux petits points deffus; & un é acut, quand il eft ac centué. E, fur les monnoyes marque qu'elles ont été frappées à Tours. E, étoit autrefois & dans la barbarie de la Latinité une lettre numerale, qui fignifioit deux cens cinquante, fuivant ce vers: E quoque ducentos & quinquaginta tenebit. |